samedi 10 décembre 2011

Je m'appelle Bernadette | Miracles à Lourdes

Je me permets de mettre, en avant première sur Métablog cette chronique parue dans le dernier numéro de Monde et vie : il faut aller voir ce film sur grand écran et ne pas perdre de temps !

Mes amis « cathos spécialistes » font la fine bouche : « Ce n’est pas un grand film ». Je ne sais pas ce que c’est qu’un grand film, mais une chose est sûre : dans Je m’appelle Bernadette, Jean Sagols nous a offert des images émouvantes et une vision positive du surnaturel…

Quant à moi, lorsque l’on m’a parlé de ce film, Je m’appelle Bernadette, j’ai pensé à un canular, tant l’époque est loin de tout ce que représente cette petite paysanne illettrée, qui a déclaré avoir vu la sainte Vierge. Jean Sagols, le réalisateur, est connu pour un certain nombre de téléfilms. Il accède au Grand écran et c’est pour mettre en scène une extraordinaire Bernadette, avec une touchante volonté de fidélité à la sainte telle qu’elle fut. La distribution est réussie, avec Francis Huster dans le rôle du préfet, et surtout Michel Aumont tout en rondeur et en humanité dans le rôle bourru du curé Peyramale et Rufus dans celui, plus protocolaire mais pas moins humain, de l’évêque Mgr Laurence. Quant à Katia Miran, jeune Toulousaine de 20 ans dont c’est le premier rôle au cinéma, elle crève l’écran.

Elle est, disons-le, pour beaucoup dans le succès du film, tant il est difficile de mettre le surnaturel en images. C’est avec un grand naturel justement, qu’elle incarne Bernadette asthmatique et sans cesse toussotante, et puis Bernadette habitée par la présence de la Vierge, et encore Bernadette esprit libre, jamais rebelle comme on prétend l’être si facilement aujourd’hui, mais toujours à distance par rapport au monde et trouvant dans cette distance même une joie paradoxale. Celle à qui la Vierge avait déclaré : « Je ne vous promets pas d’être heureuse en ce monde, mais dans l’autre » a trouvé dans cette promesse une joie que rien ne peut démentir, ni les humiliations des autres sœurs qui ne la ménagent pas, ni les heures de ménage, balais et serpillère en main. Dans la conviction qu’elle n’était rien, qu’elle n’avait rien à « prouver », qu’elle serait toujours la dernière partout, qu’elle n’occuperait aucune fonction prestigieuse, que ses apparitions ne lui rapporteraient rien à elle personnellement sinon l’ennui des interrogatoires et le poids de la suspicion, Bernadette a tracé son chemin avec audace, l’audace d’une vraie fille de Dieu.

Le personnage est parfaitement crédible. Il n’y a pas de bémol, pas de raté, pas d’image qui vienne gâcher notre plaisir. Un peu trop de maquillage parfois. Mais comme le dit une bonne femme de Lourdes : « C’est la vraie Bernadette, que l’on attendait depuis si longtemps ». Le film me semble, à travers Katia Miran, très supérieur au Bernadette de Jean Delannoy ou bien à Il suffit d’aimer, le film culte des patronages d’il y a 40 ans. Jean Sagols n’a pas cherché à faire une oeuvre sociologiquement authentique, avec l’ennui des films en costume. Il est parti en quête d’un personnage autour duquel tout gravite et dont l’indiscutable sainteté est à la fois proche de nous et aimable.

Vous aurez du mal à voir ce film, qui, à Paris par exemple, ne passe que dans deux salles. J’allais dire : c’est bon signe ! Si vous ne le trouvez pas, il vous reste à attendre le DVD.

Miracles à Lourdes
Le 7 décembre, deux nouvelles guérisons scientifiquement inexplicables ont été définitivement reconnues comme telles par le Bureau médical de Lourdes, en attendant que l’évêque et les théologiens décident de proclamer ou non ces deux guérisons comme des miracles. L’Eglise prend son temps : les faits ont eu lieu pour l’un en 1965 et pour l’autre en 1989. Dans le premier cas il s’agissait d’une religieuse condamnée à vivre en position fœtale ; dans le second, d’une femme qui souffrait de graves crises d’hypertension liées à un fibrome. Le premier cas a produit un vote à l’unanimité du Bureau médical, le second une majorité des deux tiers. Rappelons que, malgré de très nombreux faits miraculeux observés à Lourdes, seuls 68 miracles ont été reconnus pour leur caractère incontestables, en 150 ans. C’est peu et c’est beaucoup, car cela signifie que pas moins de 68 cas, avec chacun un dossier établi par des médecins, défient toute explication ou toute interprétation naturelle.

Notre culture s’est construite sur le refus a priori du miracle : « je ne crois pas aux miracles pour la même raison que je ne crois pas aux hippocentaures, cette raison c’est qu’on n’en a jamais vu » écrivait Ernest Renan. C’était en 1863. Les apparitions avaient eu lieu à Lourdes en 1858. Il lui aurait suffi de prendre le train… comme le feront plus tard, avec des fortunes diverses Emile Zola et Alexis Carrel.

Dieu avait choisi une petite paysanne illettrée pour répondre au rationalisme des scientistes de l’époque.

10 commentaires:

  1. Je me pose une question.

    Pourquoi le journal La Croix, quotidien officiellement d'inspiration catholique, ordinairement mieux inspiré, a-t-il descendu ce film en flammes ?

    Il est vrai que sa critique du film sur Jeanne d'Arc était moins louangeuse que celle du Canard enchaîné.

    Comprenne qui pourra.

    RépondreSupprimer
  2. Pourriez-vous préciser dans quelles salles ce film est programmé à Paris ?

    Merci de votre compréhension.

    RépondreSupprimer
  3. En 1997, Michel Aumont avait été très émouvant en interprétant le rôle du Père supérieur du Collège dans un Téléfilm d'après la pièce d'Henri de Montherlant, la Ville dont le Prince est un Enfant .

    D'après mes souvenirs, il interprétait un (saint) prêtre plus vrai que nature.

    Je ne manquerai donc pas d'aller l'admirer à nouveau dans ce film sur Bernadette.

    Michel Aumont est formidable, il interprète tous ses personnages avec une vérité hallucinante.

    RépondreSupprimer
  4. film très émouvant
    pourquoi est il boudé par les médias mercantiles ?

    RépondreSupprimer
  5. Si on observe attentivement les conditions des apparitions, on s'aperçoit qu'elles reprennent les conditions des Evangiles. Le Christ se manifeste avec des gens simples ? Il en va de même pour les apparitions. La Sainte Vierge apparait à des "petites gens": paysans, illettrés... Il y a beaucoup d'analogie à faire entre l'Évangile et les vies de saint ou les apparitions. Et c'est là l'une des preuves de la vérité du Catholicisme.

    RépondreSupprimer
  6. à Pharaon
    Cela vous étonne?

    RépondreSupprimer
  7. Merci à Guillaume de Tanoüarn de nous su avoir encore une fois aiguillé sur un film qui en vaut la peine.
    Je sors d e sa projection, de ce film : e du début jusqu’à la fin on est saisi, ému:,t jamais mièvre. je dirais qu’on y voit qu’on y sent : les yeux de la foi, au seuil de l’invisible, qui nous font grandir grâce à une interprète inspirée et jeune, ,mais elle n'est pas la seule, littéralement portée par son rôle, illuminée sur son visage, et qui nous communique cette joie future et déjà rendue présente, qui nous est donnée de vivre , et qui réussit à convaincre un entourage réticent pour ne pas dire violement hostile, à la religion, (ce qui n' a rien perdu de sa résonnance à l'heure actuelle. )
    *Courons voir ce film avant qu’il disparaisse des écrans, car c’est quand même mieux de le visonner e sur grand écran qu’en DVD ;
    Maintenant que le journal la Croix ait fait eun critique en total contre sens sur ce film, puisque selons sa critique on n’y verrait pas la foi vibrer , ne m’étonne guère ou peu. On pourrait s’interroger sur leur conception d e la foi. Par rapport à celle de la très simple et très humble Bernadette

    RépondreSupprimer
  8. Monsieur l'abbé, pourquoi déforme t-on systématiquement cette fameuse phrase que N.D a dite à Bernadette? N'aurait-elle pas dit plutôt:" Je ne vous promets pas le bonheur DE CE MONDE etc... Cela n'a pas tout à fait le même sens. Cela exprime l'immédiateté du "Royaume" à celui qui renonce au monde et à lui-même. " le Royaume de Dieu est parmi vous et vous ne le voyez pas" Le sens est plus fort car ce n'est pas seulement l'attente qui est signifiée mais le PRESENT "en Dieu" de celui qui a TOUT donné.
    A part ça, j'espère que ce film passera dans ma ville. Pour l'instant, rien à l'horizon!
    Merci pour ces beaux commentaires édifiants que vous nous proposez.
    Respectueusement fidèle.
    C.B

    RépondreSupprimer
  9. Le journal "La Croix" a fait machine arrière en publiant plusieurs lettres de lecteurs critiquant la position initiale de cet organe de presse sur le film.

    Ceci dit, la rédaction de ce titre n'a toujours pas fait amende honorable.

    Les appréciations des lecteurs sont plus sensées que celles des critiques professionnels, ce dont on ne doutait pas un seul instant.

    RépondreSupprimer
  10. bonjour,j'ai vu ce film moi aussi est je vous remercie beaucoup pour votre commentaire qui synthétise totalement mon propre ressentit et certainement celui de beaucoup d'autres d'entre nous..

    RépondreSupprimer