mardi 27 avril 2010

L'être humain plus fort que la machine!

On connaît les blablatrons traditionnels, ces petits programmes amusants qui recomposent des phrases à partir de morceaux de discours stéréotypés. Prenez une trentaine de groupes sujets, une vingtaine de groupes verbaux, combinez les avec une vingtaine de subordonnées, vous avez déjà un gros millier de phrases possibles.

Un article de slashdot.org m’apprend qu’on fait maintenant bien mieux. Les progrès de l’intelligence artificielle permettent l’écriture automatique d’articles. Premières applications : la finance et le sport. On entre dans l’ordinateur un tableau de données: nombre d’essais transformés, investissements exceptionnels, vitesse de la balle à l’engagement, croissance interne, etc. Le logiciel sait les interpréter et les habiller sémantiquement – les développeurs assurent qu’on aura bientôt le choix du style. Le match de base ball de la hischool locale commenté par (la machine qui imite) les plus grandes plumes sportives…

En lisant cela je me disais qu’ils sont vraiment très très forts ces Américains quand brusquement j’ai eu un doute : et si nous étions, en France, bien plus avancés ? Et si nos journalistes, depuis longtemps, savaient écrire n’importe quel article à partir d’un stock de formules et d’une dépêche AFP ? Exemple/illustration avec un article de Nicolas Senèze, sur l’émission des «Infiltrés» qui passe ce soir sur France2.

Les formules stéréotypées d’abord, du côté des méchants surtout :
. un catholique attaché aux formes anciennes est un ‘intégriste’
. sa paroisse est une ‘citadelle’
. pour un gentil, s’y rendre c’est ‘plonger au cœur’ (de la 'citadelle intégriste' donc)
. un méchant ne dit pas, il ‘s’insurge’ ou il ‘reconnaît toutefois’ (ha! on le tient!)
    A dire vrai un gentil ne dit pas non plus, il ‘prévient’ de ses bonnes intentions, il ‘regrette’ la querelle. Il ‘défend’ sa méthode, seule à même de secourir les «valeurs de la nation».

    Sur le fond maintenant! Un seul exemple car mon repas m’attend: s’effrayer (dans le but d’entrainer le lecteur dans son effroi), mais s’effrayer aussi de ce qui n’a rien d’effrayant. Nicolas Senèze s’effraye ainsi qu’à l’école Saint Projet on enseigne en histoire que Pétain a rendu «d’énormes services à son pays». De fait pourtant, c’est bien ce qui lui a valu d’être maréchal.

    Il y a quelques années une question agitait joueurs d’échecs et informaticiens : jusqu’à quand l’Homme battrait-il encore l’ordinateur ? En matière de rédaction automatique, il semble qu’il le batte déjà.

    8 commentaires:

    1. Et le meilleur de la crème sur la cerise, un journaliste est "surpris" par ses propres inventions:

      "Autre surprise des journalistes : les liens entre l’extrême droite et l’enseignement catholique hors contrat." (sic dans l'article de Seneze)

      Heureusement que ces journalistes n'ont pas choisi le métier d'artificier, ils seraient constamment "surpris" par l'explosion des explosifs qu'ils fabriquent!

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    2. Un petit détour par Wikipedia m'apprend que Nicolas Senèze est +pris à partie dans la presse d'obédience intégriste, ses connaissances liturgiques ont notamment été mises en cause+ avec comme référence l'article que vous consacriez à ses boulettes sur le missel de Jean XXIII.

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    3. Oui, toutes ces formules -accompagnées des tics verbaux à la mode: "pérenne; durable; perdurer; citoyen"(en tant qu'adjectif) permettant de donner un vernis intellectuel et mondain- formatent un vocabulaire "tout-prêt" pour la manipulation mentale.
      Le pire étant de tartiner ces discours de bons sentiments!
      Actuellement, l'expression "Coeur-de-Ville", au lieu de Centre-Ville, fait un tabac dans les banlieues chics qui se démarquent ainsi des cités anonymes et sans repères!
      Ces Tartuffes de journalistes ne sont que le reflet d'une société hypocrite et moralisante à l'image des sociétés anglo-saxonnes propres-sur-elles mais dévergondées. Eh oui, on est devenu "ça": des puritains en surface pourris à l'intérieur.
      Pire que ça, car en plus la morale nouvelle de ces précieux effarouchés est un diktat totalitaire et gare à vous, gare au pilori si vous osez sortir du cadre convenu: tout-de-suite ça fait désordre, mal embouché, crasseux à l'image des familles nombreuses qui sont devenues grotesques, primaires, et nous font honte, parce qu'elles nous ramènent à un état de nature et de non-maîtrise "proprement" insupportable!
      L'être humain plus fort que la machine c'est le leurre de la maîtrise, c'est l'illusion de la toute-puissance, c'est la peur de la vie, de la nature et de la mort, dans ce qu'elles nous échappent.
      Tout cela est à vrai dire très inquiétant car vraiment psychotique, obsessionnel, rigide et hystérique.

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    4. En ce qui concerne les tics verbaux à la mode, Molière s'en était bien gaussé dans les Précieuses ridicules et dans l'Ecole des Femmes. Bref, nisi novi sub sole, sauf que nous n'avons plus de Molière pour remettre nos petits marquis à leur place.
      J'aime de plus en plus Alceste, ce misanthrope me plait, surtout dans notre sarkozienne société.

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    5. Ne pas mêler la tradition de l'Eglise (le respect pour les deux formes du rite romain) au nationalisme pétainiste, vous renforcez la cause des détracteurs !
      Pétain n'était qu'un collabo qui s'est soumis à Hitler plus vite que son ombre, entraînant la France dans une honte ignominieuse face aux européens qui n'ont pas collaboré (regardez seulement les manuels scolaires européens, vous verrez comment cette lâcheté "française" y est décrite et méprisée; à raison, sauf que l'on assimile pétainiste e français; hélas normal et inévitable!) Général de Gaulle a au moins essayé de sauver quelque honneur, ou ce qu'il en restait....

      Pie XII a ouvertement condamné le nazisme ("Mit brennender Sorge") et l'endoctrinement des enfants dans le sens contraire (glorification de la collaboration pétainiste dans quelque structure scolaire que ce soit) va totalement à l'encontre de la position de l'Eglise, n'est pas catholique.

      L'assimilation de la préservation de la messe JXIII et de la défense du pétainisme (ne serait-ce que sur ce blog! cf comments) ne fait qu'accentuer les amalgames et cause un tort encore plus grand (car injuste et non mérité) à l'Eglise, déjà suffisamment agressée de toutes parts.

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    6. @Anonyme de 16:58 - Vous demandez de ne pas mélanger la Tradition d'une part avec des positions généralement attribuées à l'extrême-droite, d'autre part. Je suis bien d'accord, ne serait-ce que parce qu'être catho est une chose, être facho en est une autre, on peut choisir d'être l'un sans l'autre, ou les deux mais ce n'est pas obligatoire. Mais de grâce! comprenez bien que ce n'est pas moi qui mélange, c'est une partie des médias (Nicolas Senèze en fait partie) qui "mélange", dans le sens culinaire du terme.

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    7. NON, on ne peut être catho ET facho, l'un exclue l'autre; voir l'enseignement de l'Eglise.

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    8. Bien sûr qu'on peut être CATHO et voter PS ou RPR ou FN ou VERTS. C'est plus ou moins facile à tenir comme position, intellectuellement, mais enfin quand on adhère à toutes les vérités de l'Eglise, qu'on fait ses Pâques et qu'on est baptisé, on est catholique. Attention, hein? j'ai pas dit "un chic type", j'ai dit "catholique".

      Ensuite, que des opinions soient plus ou moins reluisantes, c'est une chose entendue. Il y a même des gens qui votent n'importe quoi. En général, les gens qui votent n'importe quoi vivent dans des quartiers dégueulasses. Ils y vivent, et dans les conditions qui sont les leurs, de par les décisions et indécisions des gens 'bien', qui votent 'bien'. Ce qui ôte beaucoup à la valeur des condamnations moralisatrices...

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