mardi 29 septembre 2009

Un mot de Rome...

... où nous nous trouvons aujourd'hui avec l'abbé Laguérie et l'abbé Héry. Ce matin accueil très chaleureux et très franc du cardinal Levada à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Quand on cherche un mot pour définir ce genre d'Américain, il vient en anglais : fair. Mais cet adjectif ne rend pas compte de la douceur de son caractère, douceur qui le fait ressembler irrésistiblement... au pape, dont il est l'homme, il faut s'en souvenir. A côté de lui, Mgr Pozzo. Je serais tenté de dire : même profil, même efficacité, avec la chaleur italienne en prime...

Après cette visite magnifique, l'après midi est libre. Avec l'abbé Héry nous allons visiter l'exposition sur la peinture romaine antique aux Écuries du Quirinal. Un chef d'oeuvre. Chef d'oeuvre de muséologie d'abord. Derrière les lourds rideaux de l'entrée, tout est fait pour mettre le visiteur dans une atmosphère intemporelle. Et les peintures romaines nous sautent aux yeux. Incroyables de spontanéité dans le mouvement. Incroyables d'audace dans le choix des couleurs. Incroyables par la perspective ou les essais de perspective qui s'y manifestent. Les sujets mythologiques présentent la vie rêvée des hommes. Les dieux ont un art de vivre, une manière d'apprivoiser l'existence par le rêve qui permet aux hommes d'en supporter le cours. Bucoliques ces peintures? Ce bonheur affiché est plus grave qu'il n'y paraît. Sur la fin de l'expo le célèbre couple de Pompéi et les portraits du Fayoum en Egypte (incroyables de présence et de personnalisation) donnent la véritable tonalité, méditative et comme expectative, de cet art si lointain et si proche.

Retour à pied. Après avoir dévalé la Colline du Quirinal, c'est l'Université grégorienne, solennel symbole du savoir théologique. Puis le Gesu, où nous entrons pour admirer le triomphe du Christ, mais aussi la souffrance du crucifié. Le contraste est tellement vivant, tellement chrétien... Il n'y a que le Christ pour se montrer si expressif dans la douleur et dans la gloire...

L'art antique nous laisse comme en suspens, accrochés à ces regards fixes des peintures du Fayoum, qui se perdent dans la nostalgie d'un inachèvement. L'art chrétien nous arrache à la rêverie sur l'inaccompli. Il crée l'émotion ce grand moteur du dépassement de soi, cette clé de nos métamorphoses.

En deux heures, à Rome, tout le périple de l'âme humaine, entre fuite et accomplissement... Un bonheur.

2 commentaires:

  1. Le plus grand de l'art antique, comme de l'art chrétien, a été conçu à la gloire de Dieu. Notre Dieu, mais aussi, pour les Grecs et les Romains, de leurs dieux du moment auxquels ils croyaient.

    Seule la transcendance sous quelle forme qu'elle soit (ici eg dieux antiques) permet à l'homme de se dépasser, de se surpasser.

    Les chefs d'oeuvre les plus grandioses de l'humanité ont été construit à la gloire de ce qui la transcende, de ce qui est plus haut, plus grand, plus loin, où l'homme aspire et ne peut accèder (à une parcelle seulement dans ce monde) qu'en se dépassant.

    L'homme antique et l'homme tout court, de toute civilisation quelle qu'elle soit, a senti depuis le début que son seul moteur pour atteindre le grand et le sublime était de créer à la gloire de Dieu. Peinture, musique, architecture,...le plus beau de l'héritage humain a toujours été conçu pour glorifier l'Eternel. C'est comme si l'homme-artiste, au dessus du commun de mortels par les dons qu'il a reçu, se rappelait de quelque chose au fond de lui-même, de l'insaisissable qui serait sa vrai maison, où il serait en accord avec son être profond et vers quoi il voudrait aller ou...retourner(?)

    L'art ne serait-il pas finalement une véritable preuve de l'existence du Créateur ?

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  2. Le cardinal Levada, "fair"? J'espère que vous plaisantez. Ou alors vous ignorez totalement ce qui s'est passé pendant fort longtemps sous son épiscopat américain, les "scandals", comme on le dit pudiquement aux É.-U.

    Vous voulez des détails ?

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